LA FIN DE L’EMPIRE. +
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Le 7 fevrier, il leur faisait voter, sous le nom de lcvee extraordi-
naire, Vorganisation d’une double arm6e de reserve, la landıyehr
et la /andsturm, destinees & renforcer et ä& soutenir l’armee per-
manente de premiere ligne. On s’acheminait ainsi a l’applica-
tion du service obligatoire vainement reclamee deux ans plus töt
par Scharnhorst.
Toutcela se faisait revolutionnairement en dehors de Frederic-
Guillaume, au debut meme contre SON gre. Il ne croyait pas,
en‚effet, a l’etendue du desastre francais et spontanement ayant
proteste aupre&s du comte de Narbonne « quil n’etait pas de
ces braillards ridichles qui veulent voir la France degringolant »
jl avait annonce A Napoleon, la destitution de York et sa com-
parution prochaine devant un conseil de guerre. Mais le
mouvement patriotique s’etendait. S’il n’atteignait pas encore les
paysans qu'il fallut, Sur plus d’un point au debut, conduire
enchaines au regiment, par contre il poussait & l’armee tous
{es nobles, tous les hommes des classes liberales, ecrivains,
professeurs — tel, ä L’Universite de Berlin, Fichte, le philo-
sophe fameux qui suspendait SON COUFS « jusqu’ä la paix » et
donnait ä ses eleves rendez-vous sur les champs de bataille —
etudiants, avocats, tous les gens des villes, ouvriers et commer-
cants, artisans et proprietaires. Frederic-Guillaume fut emporte
par V’elan general. Le 28 fövrier il signait 4 Breslau une alliance
avec la Russie et, le 17 mars, dans un retentissant «Appel ä son
peuple » il annoncait la guerre contre Ja France en meme temps
qu’il 6tablissait enfin ie service obligatoire. Le premier resultat
de ces divers evenements fut d’obliger les debris de l’armee
francaise A. se replier d’abord de Ja Vistule sur T’Oder, puis ä
reculer jusqu’& l’Elbe.
Quant & l’Autriche, en apparence elle demeura neutre pour
se donner le temps de completer ses armements insuffisants ;
elle offrit möme ä Napoleon de servir de mediatrice. En fait,
elle negociait avec la Russie, la Prusse et l’Angleterre, et pre-
parait son entree dans 1a septieme coalilion.
De la France que les Coalises croyaient epuisee,
Napoleon tira €NCcOFC une armee de plus de
300000 hommes. Cette armee etait presque unique-
ment composee de conscrits de dix-huit & dix-neuf
ans : on les instruisit en marchant. Ils egalerent au feu les plus
vieilles troupes; mais ces enfants heroiques etaient trop
CAMPAGNE
DE 1813